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Les sculptures en bois

Le bois, j’ai appris seul à le connaître et à le travailler dans les années 70. Ma première sculpture, dans une vieille poutre de chêne, date de 1980. D’une certaine manière c’est l’accumulation des œuvres qui m’a fait sculpteur, profondément, mais peu à peu, puisque mon premier vrai passage en public a attendu plus de 15 ans. Par la suite, ça c’est accéléré.

Une fois coupé, le tronc d’arbre garde une forte tension interne qui, en séchant, va s’exprimer par des fentes allant jusqu’au cœur, trace de l’année 01 de l’arbre. J’ai constaté peu à peu que le séchage (perte d’humidité) est essentiel, au point de faire en 2000 une expérience de sculpture avec un tronc de peuplier coupé dix jours auparavant. Pour un bois réputé plein d’eau (peu utilisé en sculpture), j’ai opté pour beaucoup d’enlèvements et de traversées au cœur, sur les 2,50 m de haut.
Mon souci était indirectement d’organiser, d’équilibrer le séchage (le cœur perd son volume très doucement alors que la surface, au contact de l’air, rétrécit plus vite en perdant son humidité). Le résultat de l’essai est saisissant : après cinq ans, aucune fente majeure ou secondaire. A l’opposé, j’ai de beaux morceaux de chêne en réserve depuis 20 ans (bien secs, durs à travailler), avec des fentes qui sont par trop béantes !

Peut-être qu’un apprentissage m’aurait évité des erreurs et des pertes de temps mais je me demande si le fait de devoir comprendre, apprivoiser, sentir la matière bois n’a pas été fondamental. En tout cas, l’autodidacte, avec quelques aventures parasites, a des chances de mieux conserver sa singularité.
En effet, le goût du risque et la sensibilité personnelle me semblent mieux survivre en dehors d’un savoir trop établi, trop pédagogue. En tout cas, j’ai aimé mon parcours jusqu’à ce jour et s’il se trouve des occasions de transmission, je ne l’oublierai pas.