Menu

La tour de Babel

  • babel012.jpg
  • babel004.jpg
  • babel001.jpg
  • babel011.jpg
  • babel003.jpg
  • babel017.jpg
  • babel016.jpg
  • babel007.jpg
  • babel013.jpg
  • babel008.jpg

L’actualité de la Tour de Babel

La montée hélicoïdale de la tour, inventée depuis si longtemps, avant la venue de notre «fondement» chrétien m’a toujours fasciné et interrogé. Je dis «notre» en m’incluant dans la culture chrétienne si présente.
En pensant à un plan possible de réalisation avec le métal, j’ai toujours eu la sensation d’un cheminement d’homme dans le pas des hommes, négociant avec mon labeur une forme d’espace de vie. Cette dimension historique m’a d’ailleurs conduit, sans préméditation, à une relecture contemporaine d’un mythe qui m’a toujours «défrisé» en l’entendant proclamé, haut et fort, et avec plaisir, par des lèvres «morales», bien satisfaites, dans l’arrondi des commissures des lèvres.

Une relecture contemporaine du mythe
La forme de la Tour est fascinante, le mode de réalisation des assyriens étonnant : le centre est plein et le «sentier» en spirale. Ce chemin permet de construire méthodiquement au fur et à mesure… les habitations qui donnent sur la rue ! La forme conduit mathématiquement à une limite : le chemin spiralé monte en rétrécissant le centre à chaque tour. Dieu et ses interprètes auraient du comprendre ça et ne pas s’affoler du projet des hommes. Ils étaient bien enracinés au sol et ne pouvaient monter dans l’espace dit «divin».
Dommage qu’on ait en même temps écorné l’idée des projets collectifs des hommes. La technologie a balayé tout ça. Le concours des tours les plus hautes est bien là et pour longtemps. J’attends le premier gratte-ciel à 1000 mètres !
Finalement, les constructeurs de la Zyggourat (nom ancien de Babel) étaient vraiment des petits rigolos, comparés aux ingénieurs du 21°siècle. Ne parlons même pas des explorations de l’espace et de l’énergie nucléaire… Dieu s’en affligerait et trouverait le moyen de nous arrêter. Est-ce pour ça que Bush essaie de le mettre de son côté, avec les ingénieurs ?
En tout cas, dans le mythe, les langues sont introduites pour empêcher les hommes de s’entendre et bloquer ainsi la construction, entraînant la dispersion des hommes. Depuis les langues ont proliféré et notre société a baigné un certain temps dans l’euphorie d’une mondialisation conquérante. L’esperanto a échoué, même s’il survit. La langue anglaise s’impose de plus en plus, mais elle traîne un sacré cortège (culture, coca, idéologie, marketing, abus de pouvoir, superpuissance…) qui contient ses limites.
Les langues, dans leur singularité, maintiennent les cultures, précieuses par leur diversité. Dans une relecture du mythe, je placerais volontiers les langues comme un vrai patrimoine à protéger, et à laisser vivre et évoluer, dans tous les échanges engagés sur la surface de notre terre. En fait, il s’agit là d’un débat économique et politique pour les dizaines d’années qui suivent. Dans une relecture contemporaine, je cherche une mise à jour de l’ambition des projets collectifs. «Dieu» selon ses «traducteurs», a pris ombrage du fait qu’un ziggourat était une tentative pour s’approcher de lui et grignoter son pouvoir.

J’ai déjà dit que c’était mathématiquement peu sérieux à cause de la spirale, mais je refuse dans le mythe la maltraitance des projets collectifs. Je suis toujours heureux de ce que les hommes réalisent ensemble, dans la solidarité, et scandalisé en même temps de ce qu’un seul homme peut détruire de nos jours en promenant, anonymement et impunément, ses milliards sur les places financières. Une avidité colossale qui défie le sens, la justice et le collectif.

Le mur de l’argent
C’est ça, la nouvelle Tour de Babel. Un projet, ou plutôt une réalité autrement folle et dangereuse. Un échafaudage hyper-sophistiqué que personne ne contrôle plus, sauf ceux qui organisent la récolte des profits, de plus en plus monstrueux, dans les sphères volatiles de la finance. Et pourtant, personne n’évoque la colère ou la punition de Dieu à propos de ce mur de l’argent !

En clair, les ressources pour « jouer » et gagner, donc les revenus et les fortunes, se concentrent de plus en plus sur un petit nombre, dans une petite partie de la terre, mais la salle de jeu imposée est globale, à chaque millième de seconde, avec l’aide de la technologie numérique. Jusqu’à quand cela va pouvoir durer ? N’est-ce pas là, avec toute l’impuissance dont on est «gratifié», le meilleur terreau du développement des violences sourdes, des explosions aveugles et des terrorismes de toutes sortes, quotidiens ou exceptionnels ? Beaucoup de gens le sentent, le disent, le dénoncent mais voilà, le «monstre économique» apparaît démocratiquement intouchable, indémontable.

De plus, les moyens de la «communication» appartiennent dans une proportion énorme, croissante et inquiétante, à ceux qui sont des tenants du système économico- politique qui fait recette, si je puis dire. Pourtant, il doit bien y avoir un moyen de donner à ce «marché» une couleur plus juste, plus humaine et donc durable sur « notre » terre. Une évidence pour moi maintenant : «notre» terre est le seul capital commun des hommes et ce capital là doit être respecté par tous, et doit rester la référence, au dessus de tout autre réflexion ou action capitaliste. Ne croyez pas que ce soir un appel à la résurrection de Marx, le décalage est trop fort, dans la problématique générale, relativement à son époque, et personne ne peut prétendre savoir comment il ajusterait ses propos. Restons donc devant le fait que la création d’une nouvelle manière d’habiter la terre semble urgente autant que complexe. Mais de toute façon personne ne peut cracher sur le parquet de son lieu de vie, ni au plafond, ni sur les murs. Ou alors, menacé de folie, il faut lui envoyer une cellule de soutien psychologique, surtout s’il se sent à l’abri dans le « lumineux » anonymat des réseaux numériques et des traders.


Dans la tour de Babel, au-dessus de l’entrée, chacun peut lire cette inscription :
« la terre est le seul capital commun aux hommes, aux femmes et aux enfants… Don’t forget it… never, everywhere, everybody ».