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Les fresques

En 1980, j’ai hésité entre la sculpture et la peinture. Pensant qu’il me fallait choisir, faute de pouvoir tout faire, surtout pour un autodidacte en art, j’ai opté pour le sentier de la sculpture. La couleur est restée présente mais en petites touches d’accompagnement ou pour le choix de tons justes dans les œuvres en bois.
Depuis 7 ans que je travaille le métal, la couleur a renforcé sa présence dans les filtres en plexiglas et les tôles, mais pas de vraies compositions picturales (et pourtant, la tôle rouillée accepte bien les pigments, permet des transparences superbes et des repentirs).

Après l’habillage de la Tour de Babel, la mise en valeur des motifs de rouille dans l’immense surface, extérieure et intérieure, m’a véritablement « pris aux tripes ». Beaucoup d’amis, peintres en particulier, m’ont exhorté à ne pas toucher, à laisser comme ça. Ils étaient, comme moi, éblouis par la force de ces motifs aléatoires, marrons-rouge avec des intensités noires et des effets de matières. J’avais aidé l’aléatoire en découpant et en posant les plaques selon leurs motifs, au cours de l’habillage de la Tour.
Inhibé par leurs mises en garde, j’ai démarré la peinture prudemment, à l’extérieur d’abord. Rassuré par les premières réactions, je me suis laissé aller à ce délire de peintre : une surface en spirale montant jusqu’à 6,20 m, avec des variations de dimensions et de motifs de base.

J’ai choisi de me limiter à la première rotation extérieure et d’aller jusqu’à 6,20 m à l’intérieur. Parti du niveau du sol (première rotation de 360°), mon plaisir et mon enthousiasme sont montés avec les rotations et les juxtapositions. La Tour de Babel ne raconte pas une histoire ni un mythe, ni une fable. Ces peintures sont une écriture libre et contemporaine.

Vous pouvez constater dans les photos présentées par ordre de rotation (première rotation en partant du sol etc.), une grande diversité de styles, souvent loin du figuratif mais la composition et les clins d’œil figuratifs semblent solliciter aisément les imaginaires.
Un chapitre « détails » peut être vu de même que « effets de lumières » et « photos inter-niveaux ». La deuxième rotation est particulière : elle est réservée à la trace des langues sur la terre soit grâce à l’écriture du mot « terre » dans le maximum de langues des 5 continents, soit grâce à des lettres de multiples alphabets, réparties dans l’entrelacement des « branches des cultures et des hommes ».

Il fallait bien cet hommage aux langues et les signes ne sont pas alignés à la manière d’un monument aux morts ! Sur une esquisse peinte de la tour de Babel énoncé la conviction "la terre est le seul capital commun aux hommes, aux femmes et aux enfants. Don’t forget it , never, everywhere, everybody".

Cette fresque sera en cours de finition plus d’un an après la première fresque d’intérieur. Les contraintes techniques auront été importantes : ne pas travailler dès la moindre humidité (si on l’enferme elle ressortira !), éviter les grosses chaleurs et les lumières trop contrastées ! Sans compter les méandres intérieurs du peintre, face à de telles surfaces en interaction !